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Poésie érotique. Coucher avec elle de Pierre Desnos

3 Mar

Coucher avec elle de Pierre Desnos.

 

Extrait de l’Anthologie de la poésie érotique. Eds. NIL.

 

Coucher avec elle

Pour le sommeil côte à côte

Pour les rêves parallèles

Pour la double respiration

Coucher avec elle

Pour l’amour absolu

Pour le vice pour le vice

Pour les baisers de toute espèce

Coucher avec elle

Pour un naufrage ineffable

Pour se prostituer l’un à l’autre

Pour se confondre

Coucher avec elle

Pour se prouver et prouver vraiment

Que jamais n’a pesé sur l’âme

Et le corps des amants

Le mensonge d’une tache originelle

El Desdichado: le poème Q de Gérard de Nerval

25 Juin

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Je te vois, coquine, derrière ton écran… gérard_de_nerval@sexyhot.xxx

El Desdischado: le déchu, le désenchanté, peu importe comment Gérard de Nerval a voulu concevoir son poème – le plus magnifique poème de tous les temps. On ne peut nier qu’il ait une dimension sexuelle incommensurable. Chaque mot est ici choisi pour faire référence à un moment sexuel et même la construction évoque une relation: on commence par parler veuvage pour terminer sur des cris et des soupirs après avoir bien modulé la lyre.

La preuve en images: magnéto, Serge !

Je suis le ténébreux, – le veuf, – l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Bon, là ça me paraît clair: il ne bande plus. (Le veuf… la Tour abolie: faut-il vraiment vous décrypter le symbole de la tour abolie ?)

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,

Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Ah, il bande encore ! La mer d’Italie: en psychanalyse, on explique aux patients que toute étendue d’eau renvoie à la femme dans son aspect sexuel. Quant au Pausilippe, c’est une colline: après la tour abolie, il cherche la colline. Edifiant.

Suis-je Amour ou Phébus ? … Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène…

Il hésite entre deux figures de l’amour, son front est rouge des baisers reçus (oui, c’est ça, on va dire que c’est son front…) et il a plongé dans la grotte (plongé dans la grotte=pénétration pour ceux qui n’auraient toujours pas compris. La grotte est le sexe féminin et la plongée, l’acte d’y entrer) Au cas où ça ne soit pas clair, il précise: la grotte où nage la sirène, l’un des symboles sexuels les plus forts de la mythologie et des contes.


Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron ;

Gérard de Nerval signifie à son lecteur qu’il a éjaculé deux fois. (vainqueur… traversée: renvoie au voyage évoqué plus haut avec la grotte, la sirène, tout ça)
Modulant tout à tour sur la lyre d’Orphée

Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée: une bien jolie manière d’évoquer les manipulations physiques auxquelles il s’est livré avec sa partenaire.


Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Dans quelles circonstances une femme passe-t-elle de sainte à fée, et alterne-t-elle les cris et les soupirs…? Le poète est ravi d’avoir été vainqueur et d’avoir fait crier sa douce.

Gérard de Nerval.

Les Chimères (1854)

Lesbos, l’île des lesbiennes

7 Juin

Statue de femmes lesbiennes de Lesbos ayant appartenu au page de la Reine Victoria (eh oui, encore ces obsédés de la famille royale britannique)

Imaginez une île remplie de belles femmes qui se lèchent la langue, se disent bonjour en glissant leurs mains dans la culotte de leurs amies et se rendent aux bains publics entre femmes, pour avoir l’occasion de se tripoter les unes les autres… vous ne rêvez pas, cette île existe, même si la description ci-dessus est un poil pubien exagérée.

Les lesbiennes n’ont pas toujours été des femmes, créatures blondes à cheveux longs typiques de The L World. Mais elles ont toujours existé. Tout a commencé sur l’île de Lesbos, la plus grande île Grecque aussi connue, de nos jours, sous le nom de Mytilène après s’être appelée Pelasgia ou Madaria. Mytilène est d’ailleurs le nom d’un site de rencontres pour lesbiennes, et le terme Madaria revient dans de nombreux textes érotiques sur les femmes.

Sapho murmure  à l’oreille des cochonnes. Simeon Solomon – XIXè siècle

La Grèce tient un rôle très important dans l’histoire de l’homosexualité masculine mais aussi, et on le sait moins, dans l’histoire du lesbianisme. Sur l’île de Lesbos, donc, vit Sappho. En -600 avant JC, Sappho la poétesse (poetisa, en Grec ancien) écrit des textes mettant en scène des émotions puissantes entre deux femmes, pour ne pas dire plus, comme L’Hymne à Aphrodite, A une aimée, Jeunes filles, œuvres toutes disponibles en traductions françaises chez divers éditeurs. Platon dit d’elle qu’elle est la « dixième muse ».

La vraie vie de Sappho demeure mystérieuse : elle eut une fille, fut même mariée, et enseigna dans une école de jeunes-filles de Lesbos où elle eut, d’après les historiens, plusieurs amantes. Surnommée « La Lesbienne » dans le sens « La femme que l’on connaît à Lesbos », comme on dirait « La Parisienne », elle légua son surnom qui, petit à petit, désigna toutes les femmes attirées par d’autres femmes.

Sex and the city ? Non, Sex and the island

Origines volcaniques, sources chaudes, végétation luxuriante et bords de mer à couper le souffle, l’île de Lesbos attire de nombreuses touristes lesbiennes en quête de vacances q-lturelles, elles reviennent en quelques sortes à leurs origines.

Lesbos désigne aujourd’hui une lesbienne en argot. Mais la poésie occupe une grande place dans l’histoire de cette île. Au VIème siècle avant JC, l’un des poètes les plus connus de l’île de Lesbos, en dehors de Sappho, se nommait… Lèsches. Ca ne s’invente pas.

Les poils pubiens vus par Baudelaire

29 Mai

 » La Chevelure « 

Charles Baudelaire

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure!
Ô boucles! Ô parfum chargé de nonchaloir!
Extase! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir!

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique!
Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève!
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boire
À grands flots le parfum, le son et la couleur
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Dans ce noir océan où l’autre est enfermé;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé!

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues
Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De l’huile de coco, du musc et du goudron.

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