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Nus dans les escaliers et surréalisme : les échanges de Duchamp et Miro

5 Juil

q-lturel femme nue dans l'escalier duchampEn 1912, Marcel Duchamp peint une huile sur toile qu’il baptise « Nu descendant l’escalier ». Nu, sans –e, comme « un nu », ce qu’on dit d’une représentation artistique de corps sans vêtement, qu’il soit homme ou femme.

Et sur cette peinture, le « nu » n’est justement ni homme, ni femme. Il est impossible de distinguer les détails de son sexe et si certains observateurs croient lui deviner une poitrine, d’autres mentionnent un plastron de pectoraux. Exposée l’année suivante, en 2013, à New York, la toile fait scandale. Le découpage image par image, comme on le ferait pour un dessin animé, renvoie à un érotisme du mouvement tout comme le dégradé de jaunes et ocres aveugle le spectateur.

Exposée au musée d’art moderne de Philadelphie, cette toile marque les débuts de l’art moderne et consacre le surréalisme comme genre graphique.

En clin d’œil et réponse à son ami qu’il admire, Joan Miro peint dans les années 20 un « Nu montant l’escalier ». Nue, seins pendants, nez déformé en longueur, orteils vilains, elle présente une touffe poils pubiens d’une longueur étonnante. Comme Duchamp, Miro se détourne des représentations classiques de l’être humain pour privilégier un style direct, basé sur les impressions, le ressenti. Il affirme d’ailleurs à cette période qu’il peint pour « le contact avec la matière, pour la sensation » plus que pour le résultat final.

Simple esquisse noire et blanche, loin des peintures colorées de bleu, de rouge ou d’orange qu’on retrouve habituellement chez Joan Miro, ce « Nu montant l’escalier » est visible à la Fondation Miro, Montjuic à Barcelone.

« Il y a plus ici à comprendre qu’à regarder » dit un critique d’art. Comme toujours avec les surréalistes, chacun y voit ce qu’il veut. Des projetées du subconscient (l’escalier descendant représente le surmoi en psychanalyse) des visées naturalistes (dessiner les humains sans les embellir, dans l’érotisation naturelle et la laideur de leur corps) ou des symboliques Q-lturelles : la montée (orgasme) la descente (à la cave, évoquant des scènes de fellation retrouvées dans d’autres œuvres des artistes)